L'Islam : LA religion qui donne le SENS
Qui sui-je ? D’où je viens ? Comment j’ai été créé ? Vers où je vais (qu’y a-t-il au bout ?) ? Quel est le sens de la vie (en a-t-elle un ?) ? Comment est défini le sens de la vie ? Comment être porteur de ce sens ? Comment trouver ce sens et comprendre ses implications (ou les deviner) ? Y a-t-il une mission fondamentale de l’Homme ? Comment cette mission est-elle définie (et par qui) ? Suis-je en train de mener ma vie comme j’aimerais la mener (avec du sens et en assumant ma mission fondamentale –si elle existe-) ? Etc.
Des questionnements sur l'origine, la nature et la finalité de la vie ou plus généralement de l'existence, en particulier de l'existence humaine.
Selon certains philosophes, cette interrogation serait même inhérente à l'être humain.
Des questions que les humains se posent depuis toujours (au moins de temps à autre).
Des questions pour lesquelles chacun finit par élaborer sa réponse (parfois avec désinvolture, parfois avec gravité et sensibilité) ou par accepter de vivre sans y répondre (en assumant le vide existentiel qui en résulte, et le plus souvent en sur-remplissant sa vie et son temps et son esprit pour couvrir la voix de ces questionnements essentiels).
Dans ce chapitre, nous avons choisi d’apporter des éléments de réponse et de réflexion sur le sens et la mission dans la vie (les 3 premières questions portant sur la création de l’Homme et ce qu’il y a après la mort trouveront leurs réponses dans d’autres travaux qui leur sont consacrés).
Nous partons avec comme point de départ la conviction que l’Homme a été créé par Dieu et qu’après la mort, il y a jugement puis paradis ou enfer.
C’est important en effet d’être conscient de la perspective pour laquelle nous concevons notre mission (on ne la conçoit pas de la même façon et chacun est récompensé selon ses intentions) :
. agir pour sa satisfaction immédiate (court terme)
. agir pour son avenir et celui de ses enfants (moyen terme)
. agir pour les générations à venir (long terme)
. agir pour la vie après la mort, en d’autres termes pour l’éternité (véritable long terme)
Choisir sa mission de vie pour vivre une vie remplie de sens
La question est donc ici de savoir déterminer (ou choisir ou élaborer ou découvrir) sa mission dans la vie pour vivre une vie qui ait un sens (soyons ambitieux : une vie « dense » remplie de sens).
Il est évident qu’en reconnaissant le fait d’être créés par Dieu, il devient naturel de se préoccuper de (et de donner de l’importance à) ce que Dieu attend de nous en la matière.
Il se trouve justement que, dans le Coran (parole inchangée de Dieu), Dieu le dit clairement !
En lisant la phrase suivante vous allez découvrir le sens de la vie -et la mission fondamentale des humains- tel que Dieu (excusez du peu !) l’exprime :
51, [56] : Et Je n’ai créé les djinns et les Hommes que pour M’adorer. [57] Je n’attends nul don de leur part, et Je n’exige d’eux aucune nourriture, [58] car c’est Dieu qui est le Dispensateur de tous les biens, le Tout-Puissant, l’Immuable
Le voilà le sens de la vie et la voilà la mission fondamentale de l’humain (tel que le définit le Créateur pour l’humain qu’Il a créé) : Adorer Dieu.
Il s’agit maintenant de comprendre ce que cela signifie « Adorer Dieu » et comment cette adoration se décline dans la vie de l’Homme.
Pour comprendre le sens de la vie, il est d’abord question de Dieu, de Son unicité, de Sa présence qui se manifeste par des signes que les croyants sont invités à observer et à méditer.
Les références à la nature, au ciel, à l’aube, au soleil, à la lune, aux arbres, aux montagnes, au désert ou à l’eau abondent dans les premiers versets, pour la plupart regroupés à la fin du Coran dans son agencement définitif. Tous ces éléments naturels sont présentés comme des signes de la présence du Créateur et du sens de la vie. La Révélation l’indique :
41, [53] : Nous leur montrerons Nos signes aussi bien dans l'univers qu'en eux-mêmes, jusqu'à ce qu’il leur apparaisse clairement que ceci est la Vérité
Ce nouveau rapport à la nature est le miroir d’un nouveau rapport avec soi ; car de multiples signes nous habitent également, qui font écho au macrocosme. Ces correspondances entre l’intimité de soi et le tout de l’univers, caractéristique de tant de spiritualités asiatiques, se manifestent par la Révélation même. Elles appellent l’être humain à faire la paix avec soi-même. Dire Dieu, trouver Dieu, c’est se réconcilier avec sa nature profonde, cette aspiration originelle en quête de réponse et qui, en Dieu, trouve le réconfort.
Cette paix intérieure est un signe, c’est le langage que Dieu tient aux coeurs qui ont la foi, au sens littéral, à une foi qui est un nouveau regard sur le monde et sur soi. Il s’agit de mieux voir ce qui nous habite ou nous entoure et dont on n’avait pas perçu le sens, faute d’attention.
La présence du divin est comme une lumière qui transforme les perceptions.
C’est à partir de cette expérience que, par opposition, le Coran décrit les « négateurs au cœur voilé » :
22, [46] : Que ne cheminent-ils sur la Terre afin qu’ils aient des cœurs avec lesquels raisonner ou des oreilles avec lesquelles entendre ? Certes, ce ne sont pas les yeux qui deviennent aveugles, mais les coeurs dans les poitrines
La mission fondamentale de l’Homme : Vivre avec Dieu
L’Islam est d’abord une religion, avec son credo, ses principes fondamentaux, ses rituels, ses obligations, ses interdits et son code moral.
Les musulmans, en attestant de leur foi, adhèrent à ce cadre qui établit une relation à Dieu et au Message du dernier des Prophètes. C’est le sens même de l’attestation de foi (chahada) :
« J’atteste qu’il n’est de dieu que Dieu et que Muhammad est Son envoyé. »
L’Islam invite à une approche holistique qui, à partir de la relation de l’Homme à Dieu, détermine une origine, des moyens et des fins : une philosophie de vie qui donne le sens de cette vie.
Cette attestation de l’unicité de Dieu par le croyant n’est pas passive ou contemplative ; elle requiert d’accéder à une conception de la vie directement liée à Dieu, qui est la source et la finalité.
Face à la mort, à la vie ou aux difficultés, celles et ceux qui ont foi en l’Unique répètent :
2, [156] : Nous sommes à Dieu [Il est la source et l’appartenance] et c’est à Lui que nous retournons.
Il s’agit donc de ne jamais oublier la source de la vie, qui est Dieu, vers qui notre chemin de vie nous ramène aussi infailliblement que notre mort.
La vie est donc cette parenthèse et ce chemin de Dieu vers Dieu que nous devons vivre avec la conscience de notre appartenance et le souvenir de sa Présence, de sa Grâce et de sa Miséricorde.
51, [56] : Et Je n’ai créé les djinns et les hommes que pour M’adorer.
Il s’agit donc, pour le croyant, d’orienter sa conscience et son coeur, en somme sa vie entière, vers la reconnaissance de la Présence de l’Unique à qui il peut s’adresser directement et sans intermédiaire :
2, [186] Si Mes serviteurs t’interrogent à Mon sujet, qu’ils sachent que Je suis tout près d’eux, toujours disposé à exaucer les vœux de celui qui M’invoque. Qu’ils répondent donc à Mon appel et qu’ils aient foi en Moi, afin qu’ils soient guidés vers la Voie du salut.
L’adoration du Dieu unique est une conscience de Sa présence, mais aussi un dialogue qui s’exprime par la prière, la confiance et l’assurance que Dieu répond à l’appel de celle ou de celui qui est en quête de Lui.
Il s’agit donc d’une relation de confiance, d’amour et de gratitude. Cela englobe naturellement le fait de se conformer à Ses directives (ce qu’Il rend licite, obligatoire, interdit…).
Quelle est la marge de manœuvre individuelle si Dieu définit le sens et la mission fondamentale ?
Dieu a déterminé la direction et la mission fondamentale de l’humain (Adorer Dieu).
La liberté de l’Homme est immense.
L’Homme accepte (ou pas ou plus ou moins) de se conformer à la mission fondamentale que Dieu a défini pour tous les humains (c’est un premier choix essentiel que l’Homme opère).
L’Homme a beaucoup de liberté ensuite dans la manière de remplir sa vie et son temps au service de sa mission fondamentale.
En d’autres termes, l’Homme personnalise sa mission au regard de la mission fondamentale de l’Homme.
C’est comme si la mission fondamentale de l’humain était un contenant (qui donne le sens, la finalité, le cadre et la philosophie morale, l’éthique, les règles du bien et du mal…) et que l’Homme, selon sa volonté, remplit ce contenant de manière personnelle pour en faire SA mission personnelle dans la vie.
Chacun Homme aura donc SA propre mission singulière déterminée par des choix de long, moyen et court terme.
Si l’on médite les mots souvent utilisés avec la mission :
. remplir sa mission
. accomplir sa mission (De l’ancien français complir, issu du latin complēre : « remplir »)
. être chargé d’une mission
Il y a dans ces mots cette notion de remplissage (comme si l’on remplissait un contenant).
Dans la définition de la charge portée par l’Homme dans le Coran, on peut lire :
2, [286] : Dieu ne charge (n’impose rien à) une âme que selon sa capacité (qui soit au-dessus de ses moyens). Tout bien qu’elle aura accompli jouera en sa faveur, et tout mal qu’elle aura commis jouera contre elle. « Seigneur ! Ne nous tiens pas rigueur de nos omissions et de nos erreurs ! Seigneur ! Épargne-nous les terribles épreuves que Tu as fait subir à nos prédécesseurs ! Seigneur ! Ne nous impose pas d’obligations qui soient au-dessus de nos forces ! Accorde-nous Ton pardon, fais-nous remise de nos péchés et reçois-nous dans le sein de Ta miséricorde !
La manière dont l’Homme définit et décide sa mission (ou ses missions) de vie, en cohérence avec sa mission fondamentale attendue par Dieu, aura une influence sur la densité de sa vie (et donc sur le poids de ses œuvres sur la balance le jour du jugement).
Si l’Homme se décide à mener une vie respectueuse de la nature et de l’entretien de relations paisibles et harmonieuses avec toutes les créatures de Dieu, avec l’intention d’accomplir ainsi sa mission fondamentale d’Adorer Dieu, on peut dire qu’il est dans le sujet.
Si, en plus, cet Homme identifie ses dons et ses talents (que Dieu lui donne et lui permet de pouvoir développer), identifie le meilleur(*) contexte où il pourra mettre ses talents au service de sa mission fondamentale et au service de l’humanité, il est évident que sa vie sera encore plus dense en actions méritoires, et que ses œuvres pèseront encore plus lourd sur la balance.
(*) Pour identifier le meilleur contexte où déployer son talent, il faut être attentif aux signes : Pour quoi je vis dans cet endroit (en France, à Paris, à Brest, dans ce quartier, etc.) ? Y a-t-il un signe à percevoir pour le développement des mes talents ou l’accomplissement de ma mission de vie ?
Dieu ne distribue pas les dons et les talents au hasard
Il est évident pour les conseillers et les coachs qui accompagnent les talents et les potentiels humains que ces talents doivent être respectés et épanouis.
De notre côté, nous croyons fermement que Dieu ne fait rien par hasard. Si Dieu offre tel talent à telle personne, c’est une indication (et une incitation) sur la manière dont cette personne devrait remplir sa vie pour accomplir au mieux sa mission.
La personne peut refuser de développer son talent et mener malgré tout une vie vertueuse (et donc respectable mais en mode « peut mieux faire »), mais on ne peut pas dire dans ce cas que la vie aura été vécue de la manière la plus dense. La personne aura ainsi gâché un talent qui l’aurait certainement amenée à mieux accomplir son potentiel (et à étaler complètement ses ailes) et à apporter toute sa richesse à l’humanité.
Chacun a sa mission propre (qui est la déclinaison personnalisée de sa mission fondamentale) qu’il faut découvrir, construire, décide, parfaire et réaliser.
Le fameux « il a eu une vie bien remplie » devient réel si c’est Dieu qui porte cette appréciation le jour du jugement (où il sera le seul à pouvoir juger).
Si un Homme décide de mettre ses meilleurs talents, sa plus grande motivation, son intention la plus pure, et son plus grand discernement, au service de l’accomplissement de sa mission fondamentale, il aura probablement vécu une vie bien pleine.
Pour illustrer par un exemple, nous aimerions partager avec vous l’expérience d’un entre nous qui, dans un travail de transmission vers son fils, a décrit la manière par laquelle il a reconnu et développé ses talents, comment sa mission de vie est devenue une évidence, l’endroit du monde où il a choisi d’agir au service de sa mission fondamentale (un chemin complexe, mais qui a fini par accoucher d’une mission de vie claire et sereine) : https://amonfils.weebly.com/tes-missions-et-tes-talents.html
Pour revenir à notre image du remplissage, nous aimerions attirer l’attention sur la capacité limitée du contenant (de notre temps, de notre énergie, de nos capacités, de nos moyens..). Si ce contenant est rempli par des choses négatives ou de valeur ajoutée faible, il n’y aura pas de place pour les choses qui pèsent plus lourd.
Comment remplir notre vie (pour bien remplir notre mission) ?
Vous connaissez sans doute l’histoire du professeur et du bocal ? Nous la trouvons inspirante, alors la voici
Tout commence dans une salle de classe. Un professeur de philosophie se tient devant ses élèves, avec quelques accessoires posés sur son bureau devant lui.
Le cours commence et les élèves s’installent, prêts à écouter leur prof. Sans un mot, celui-ci ramasse un très grand récipient vide de dessous le bureau et commence à le remplir avec des balles de golf.
Une fois le bocal rempli de balles, il demande aux étudiants si le pot est plein.
Unanimement, les étudiants conviennent qu’il l’est. Le professeur se saisit alors d’une boîte de petits cailloux et les verse dans le bocal. Il secoue légèrement le pot pour laisser les cailloux rouler vers les zones libres entre les balles de golf. Il repose ensuite sa question: « est-ce que ce pot est plein ? » Une fois encore, les étudiants répondent en chœur que le récipient est rempli.
Avec un léger sourire sur le visage, le professeur ramasse une boîte contenant du sable et commence à le verser dans le pot. Bien entendu, le sable remplit tout l’espace entre les balles de golf et les cailloux. Une nouvelle fois la même question, qui obtient la même réponse: pour les étudiants, on ne peut plus rien verser dans ce pot.
Le professeur, cette fois-ci franchement amusé, attrape une bouteille d’eau sous la table et verse tout son contenu dans le pot. L’eau comble alors immédiatement tout l’espace vide entre le sable. Réalisant qu’ils se sont encore fait avoir, les étudiants ne peuvent s’empêcher de rire de bon cœur.
« Maintenant », dit le professeur une fois le calme revenu, « je veux que vous imaginiez que ce pot représente votre vie.
Les balles de golf représentent les choses importantes: votre famille, vos enfants, votre santé, vos amis, vos passions favorites – les choses qui comblerait toujours votre vie même si tout le reste était perdu.
Les cailloux représentent les autres choses qui comptent comme votre travail, votre maison, votre voiture…
Le sable, c’est tout le reste – les petites choses. Si vous mettez le sable dans le pot en premier », poursuit-il, « il n’y a plus de place pour les cailloux ou les balles de golf. Il en va de même pour la vie. Si vous passez tout votre temps et dépensez votre énergie sur les petites choses, vous n’aurez jamais de place pour les choses qui sont importantes pour vous.
Faites particulièrement attention aux choses qui sont essentielles à votre bonheur. Jouez avec vos enfants. Prenez le temps de veiller à votre santé. Il y aura toujours du temps pour nettoyer la maison ou changer la poubelle. Prenez soin des balles de golf en premier, ce sont les choses qui comptent vraiment. Définissez vos priorités. Le reste n’est que du sable ».
Un bref silence suit cette leçon de sagesse, puis un étudiant lève la main et demande ce que l’eau représente. Le professeur sourit: « je suis content que vous posiez la question. Elle est simplement là pour vous montrer que, peu importe à quel point votre vie puisse paraître remplie, il y a toujours de la place pour boire un pot avec vos amis » !
Quand on y pense, on passe beaucoup de temps à se plaindre ou se faire du souci concernant les « petites choses » qui constituent notre quotidien. L’histoire de ce professeur et de son bocal nous rappelle qu’il est bon de savoir prendre du recul et de relativiser.
Gardons à l’esprit ce qui est vraiment important de ce qui est secondaire à l’échelle de notre vie. Réfléchissons à toutes ces choses qu’on perd de vue à force de les retarder. Et commençons à vivre pour le meilleur, ce qui est essentiel pour l’accomplissement de notre mission de vie (au service de notre mission fondamentale).
ET ne perdons pas de vue ce qui fait de nous des êtres meilleurs tels que Dieu les décrits :
3, [110] : Vous êtes la meilleure communauté qui n’ait jamais été donnée comme exemple aux hommes. En effet, vous recommandez le Bien, vous interdisez le Mal et vous croyez en Dieu.
Importance de décider tous les jours
Pour s’incarner dans notre réalité, notre mission de vie doit se décliner dans nos journées.
Tous les jours, il faut se reconnecter dans notre esprit et notre cœur à notre mission de vie et à notre mission fondamentale, pour adopter le bon état d’esprit, et décider en conscience et en responsabilité du « programme » ou du contenu de notre journée pour qu’elle soit au service de notre mission.
C’est comme si l’on se connectait à son GPS spirituel pour décider de l'itinéraire de la journée (et des arrêts nécessaires ou salutaires), du rythme à adopter, de l’endroit à atteindre pour cette partie du voyage.
Il y aura des jours où la connexion au GPS spirituel sera plus ou moins aisée que d’habitude. Il arrive parfois qu’on soit amené à démarrer l’itinéraire sans le signal GPS qui se fait désirer. Quand le GPS ne capte pas, le conducteur a plus de difficulté pour trouver la bonne voie, et il en résulte souvent une perte du chemin, de l’énergie et du temps.
Conduire avec un GPS fiable libère l’esprit du conducteur qui sera alors plus concentré sur la route, le paysage, les cadeaux semés sur le parcours, les épreuves à surmonter, et sa propre manière de conduire.
Importance de l’équilibre
L’islam est la religion de l’équilibre et de la modération.
L’un d’entre nous a beaucoup insisté sur l’équilibre dans la vie de manière générale, et donc au service de la mission fondamentale. Lire à ce sujet son article : https://amonfils.weebly.com/importance-du-ressourcement.html
Qui sui-je ? D’où je viens ? Comment j’ai été créé ? Vers où je vais (qu’y a-t-il au bout ?) ? Quel est le sens de la vie (en a-t-elle un ?) ? Comment est défini le sens de la vie ? Comment être porteur de ce sens ? Comment trouver ce sens et comprendre ses implications (ou les deviner) ? Y a-t-il une mission fondamentale de l’Homme ? Comment cette mission est-elle définie (et par qui) ? Suis-je en train de mener ma vie comme j’aimerais la mener (avec du sens et en assumant ma mission fondamentale –si elle existe-) ? Etc.
Des questionnements sur l'origine, la nature et la finalité de la vie ou plus généralement de l'existence, en particulier de l'existence humaine.
Selon certains philosophes, cette interrogation serait même inhérente à l'être humain.
Des questions que les humains se posent depuis toujours (au moins de temps à autre).
Des questions pour lesquelles chacun finit par élaborer sa réponse (parfois avec désinvolture, parfois avec gravité et sensibilité) ou par accepter de vivre sans y répondre (en assumant le vide existentiel qui en résulte, et le plus souvent en sur-remplissant sa vie et son temps et son esprit pour couvrir la voix de ces questionnements essentiels).
Dans ce chapitre, nous avons choisi d’apporter des éléments de réponse et de réflexion sur le sens et la mission dans la vie (les 3 premières questions portant sur la création de l’Homme et ce qu’il y a après la mort trouveront leurs réponses dans d’autres travaux qui leur sont consacrés).
Nous partons avec comme point de départ la conviction que l’Homme a été créé par Dieu et qu’après la mort, il y a jugement puis paradis ou enfer.
C’est important en effet d’être conscient de la perspective pour laquelle nous concevons notre mission (on ne la conçoit pas de la même façon et chacun est récompensé selon ses intentions) :
. agir pour sa satisfaction immédiate (court terme)
. agir pour son avenir et celui de ses enfants (moyen terme)
. agir pour les générations à venir (long terme)
. agir pour la vie après la mort, en d’autres termes pour l’éternité (véritable long terme)
Choisir sa mission de vie pour vivre une vie remplie de sens
La question est donc ici de savoir déterminer (ou choisir ou élaborer ou découvrir) sa mission dans la vie pour vivre une vie qui ait un sens (soyons ambitieux : une vie « dense » remplie de sens).
Il est évident qu’en reconnaissant le fait d’être créés par Dieu, il devient naturel de se préoccuper de (et de donner de l’importance à) ce que Dieu attend de nous en la matière.
Il se trouve justement que, dans le Coran (parole inchangée de Dieu), Dieu le dit clairement !
En lisant la phrase suivante vous allez découvrir le sens de la vie -et la mission fondamentale des humains- tel que Dieu (excusez du peu !) l’exprime :
51, [56] : Et Je n’ai créé les djinns et les Hommes que pour M’adorer. [57] Je n’attends nul don de leur part, et Je n’exige d’eux aucune nourriture, [58] car c’est Dieu qui est le Dispensateur de tous les biens, le Tout-Puissant, l’Immuable
Le voilà le sens de la vie et la voilà la mission fondamentale de l’humain (tel que le définit le Créateur pour l’humain qu’Il a créé) : Adorer Dieu.
Il s’agit maintenant de comprendre ce que cela signifie « Adorer Dieu » et comment cette adoration se décline dans la vie de l’Homme.
Pour comprendre le sens de la vie, il est d’abord question de Dieu, de Son unicité, de Sa présence qui se manifeste par des signes que les croyants sont invités à observer et à méditer.
Les références à la nature, au ciel, à l’aube, au soleil, à la lune, aux arbres, aux montagnes, au désert ou à l’eau abondent dans les premiers versets, pour la plupart regroupés à la fin du Coran dans son agencement définitif. Tous ces éléments naturels sont présentés comme des signes de la présence du Créateur et du sens de la vie. La Révélation l’indique :
41, [53] : Nous leur montrerons Nos signes aussi bien dans l'univers qu'en eux-mêmes, jusqu'à ce qu’il leur apparaisse clairement que ceci est la Vérité
Ce nouveau rapport à la nature est le miroir d’un nouveau rapport avec soi ; car de multiples signes nous habitent également, qui font écho au macrocosme. Ces correspondances entre l’intimité de soi et le tout de l’univers, caractéristique de tant de spiritualités asiatiques, se manifestent par la Révélation même. Elles appellent l’être humain à faire la paix avec soi-même. Dire Dieu, trouver Dieu, c’est se réconcilier avec sa nature profonde, cette aspiration originelle en quête de réponse et qui, en Dieu, trouve le réconfort.
Cette paix intérieure est un signe, c’est le langage que Dieu tient aux coeurs qui ont la foi, au sens littéral, à une foi qui est un nouveau regard sur le monde et sur soi. Il s’agit de mieux voir ce qui nous habite ou nous entoure et dont on n’avait pas perçu le sens, faute d’attention.
La présence du divin est comme une lumière qui transforme les perceptions.
C’est à partir de cette expérience que, par opposition, le Coran décrit les « négateurs au cœur voilé » :
22, [46] : Que ne cheminent-ils sur la Terre afin qu’ils aient des cœurs avec lesquels raisonner ou des oreilles avec lesquelles entendre ? Certes, ce ne sont pas les yeux qui deviennent aveugles, mais les coeurs dans les poitrines
La mission fondamentale de l’Homme : Vivre avec Dieu
L’Islam est d’abord une religion, avec son credo, ses principes fondamentaux, ses rituels, ses obligations, ses interdits et son code moral.
Les musulmans, en attestant de leur foi, adhèrent à ce cadre qui établit une relation à Dieu et au Message du dernier des Prophètes. C’est le sens même de l’attestation de foi (chahada) :
« J’atteste qu’il n’est de dieu que Dieu et que Muhammad est Son envoyé. »
L’Islam invite à une approche holistique qui, à partir de la relation de l’Homme à Dieu, détermine une origine, des moyens et des fins : une philosophie de vie qui donne le sens de cette vie.
Cette attestation de l’unicité de Dieu par le croyant n’est pas passive ou contemplative ; elle requiert d’accéder à une conception de la vie directement liée à Dieu, qui est la source et la finalité.
Face à la mort, à la vie ou aux difficultés, celles et ceux qui ont foi en l’Unique répètent :
2, [156] : Nous sommes à Dieu [Il est la source et l’appartenance] et c’est à Lui que nous retournons.
Il s’agit donc de ne jamais oublier la source de la vie, qui est Dieu, vers qui notre chemin de vie nous ramène aussi infailliblement que notre mort.
La vie est donc cette parenthèse et ce chemin de Dieu vers Dieu que nous devons vivre avec la conscience de notre appartenance et le souvenir de sa Présence, de sa Grâce et de sa Miséricorde.
51, [56] : Et Je n’ai créé les djinns et les hommes que pour M’adorer.
Il s’agit donc, pour le croyant, d’orienter sa conscience et son coeur, en somme sa vie entière, vers la reconnaissance de la Présence de l’Unique à qui il peut s’adresser directement et sans intermédiaire :
2, [186] Si Mes serviteurs t’interrogent à Mon sujet, qu’ils sachent que Je suis tout près d’eux, toujours disposé à exaucer les vœux de celui qui M’invoque. Qu’ils répondent donc à Mon appel et qu’ils aient foi en Moi, afin qu’ils soient guidés vers la Voie du salut.
L’adoration du Dieu unique est une conscience de Sa présence, mais aussi un dialogue qui s’exprime par la prière, la confiance et l’assurance que Dieu répond à l’appel de celle ou de celui qui est en quête de Lui.
Il s’agit donc d’une relation de confiance, d’amour et de gratitude. Cela englobe naturellement le fait de se conformer à Ses directives (ce qu’Il rend licite, obligatoire, interdit…).
Quelle est la marge de manœuvre individuelle si Dieu définit le sens et la mission fondamentale ?
Dieu a déterminé la direction et la mission fondamentale de l’humain (Adorer Dieu).
La liberté de l’Homme est immense.
L’Homme accepte (ou pas ou plus ou moins) de se conformer à la mission fondamentale que Dieu a défini pour tous les humains (c’est un premier choix essentiel que l’Homme opère).
L’Homme a beaucoup de liberté ensuite dans la manière de remplir sa vie et son temps au service de sa mission fondamentale.
En d’autres termes, l’Homme personnalise sa mission au regard de la mission fondamentale de l’Homme.
C’est comme si la mission fondamentale de l’humain était un contenant (qui donne le sens, la finalité, le cadre et la philosophie morale, l’éthique, les règles du bien et du mal…) et que l’Homme, selon sa volonté, remplit ce contenant de manière personnelle pour en faire SA mission personnelle dans la vie.
Chacun Homme aura donc SA propre mission singulière déterminée par des choix de long, moyen et court terme.
Si l’on médite les mots souvent utilisés avec la mission :
. remplir sa mission
. accomplir sa mission (De l’ancien français complir, issu du latin complēre : « remplir »)
. être chargé d’une mission
Il y a dans ces mots cette notion de remplissage (comme si l’on remplissait un contenant).
Dans la définition de la charge portée par l’Homme dans le Coran, on peut lire :
2, [286] : Dieu ne charge (n’impose rien à) une âme que selon sa capacité (qui soit au-dessus de ses moyens). Tout bien qu’elle aura accompli jouera en sa faveur, et tout mal qu’elle aura commis jouera contre elle. « Seigneur ! Ne nous tiens pas rigueur de nos omissions et de nos erreurs ! Seigneur ! Épargne-nous les terribles épreuves que Tu as fait subir à nos prédécesseurs ! Seigneur ! Ne nous impose pas d’obligations qui soient au-dessus de nos forces ! Accorde-nous Ton pardon, fais-nous remise de nos péchés et reçois-nous dans le sein de Ta miséricorde !
La manière dont l’Homme définit et décide sa mission (ou ses missions) de vie, en cohérence avec sa mission fondamentale attendue par Dieu, aura une influence sur la densité de sa vie (et donc sur le poids de ses œuvres sur la balance le jour du jugement).
Si l’Homme se décide à mener une vie respectueuse de la nature et de l’entretien de relations paisibles et harmonieuses avec toutes les créatures de Dieu, avec l’intention d’accomplir ainsi sa mission fondamentale d’Adorer Dieu, on peut dire qu’il est dans le sujet.
Si, en plus, cet Homme identifie ses dons et ses talents (que Dieu lui donne et lui permet de pouvoir développer), identifie le meilleur(*) contexte où il pourra mettre ses talents au service de sa mission fondamentale et au service de l’humanité, il est évident que sa vie sera encore plus dense en actions méritoires, et que ses œuvres pèseront encore plus lourd sur la balance.
(*) Pour identifier le meilleur contexte où déployer son talent, il faut être attentif aux signes : Pour quoi je vis dans cet endroit (en France, à Paris, à Brest, dans ce quartier, etc.) ? Y a-t-il un signe à percevoir pour le développement des mes talents ou l’accomplissement de ma mission de vie ?
Dieu ne distribue pas les dons et les talents au hasard
Il est évident pour les conseillers et les coachs qui accompagnent les talents et les potentiels humains que ces talents doivent être respectés et épanouis.
De notre côté, nous croyons fermement que Dieu ne fait rien par hasard. Si Dieu offre tel talent à telle personne, c’est une indication (et une incitation) sur la manière dont cette personne devrait remplir sa vie pour accomplir au mieux sa mission.
La personne peut refuser de développer son talent et mener malgré tout une vie vertueuse (et donc respectable mais en mode « peut mieux faire »), mais on ne peut pas dire dans ce cas que la vie aura été vécue de la manière la plus dense. La personne aura ainsi gâché un talent qui l’aurait certainement amenée à mieux accomplir son potentiel (et à étaler complètement ses ailes) et à apporter toute sa richesse à l’humanité.
Chacun a sa mission propre (qui est la déclinaison personnalisée de sa mission fondamentale) qu’il faut découvrir, construire, décide, parfaire et réaliser.
Le fameux « il a eu une vie bien remplie » devient réel si c’est Dieu qui porte cette appréciation le jour du jugement (où il sera le seul à pouvoir juger).
Si un Homme décide de mettre ses meilleurs talents, sa plus grande motivation, son intention la plus pure, et son plus grand discernement, au service de l’accomplissement de sa mission fondamentale, il aura probablement vécu une vie bien pleine.
Pour illustrer par un exemple, nous aimerions partager avec vous l’expérience d’un entre nous qui, dans un travail de transmission vers son fils, a décrit la manière par laquelle il a reconnu et développé ses talents, comment sa mission de vie est devenue une évidence, l’endroit du monde où il a choisi d’agir au service de sa mission fondamentale (un chemin complexe, mais qui a fini par accoucher d’une mission de vie claire et sereine) : https://amonfils.weebly.com/tes-missions-et-tes-talents.html
Pour revenir à notre image du remplissage, nous aimerions attirer l’attention sur la capacité limitée du contenant (de notre temps, de notre énergie, de nos capacités, de nos moyens..). Si ce contenant est rempli par des choses négatives ou de valeur ajoutée faible, il n’y aura pas de place pour les choses qui pèsent plus lourd.
Comment remplir notre vie (pour bien remplir notre mission) ?
Vous connaissez sans doute l’histoire du professeur et du bocal ? Nous la trouvons inspirante, alors la voici
Tout commence dans une salle de classe. Un professeur de philosophie se tient devant ses élèves, avec quelques accessoires posés sur son bureau devant lui.
Le cours commence et les élèves s’installent, prêts à écouter leur prof. Sans un mot, celui-ci ramasse un très grand récipient vide de dessous le bureau et commence à le remplir avec des balles de golf.
Une fois le bocal rempli de balles, il demande aux étudiants si le pot est plein.
Unanimement, les étudiants conviennent qu’il l’est. Le professeur se saisit alors d’une boîte de petits cailloux et les verse dans le bocal. Il secoue légèrement le pot pour laisser les cailloux rouler vers les zones libres entre les balles de golf. Il repose ensuite sa question: « est-ce que ce pot est plein ? » Une fois encore, les étudiants répondent en chœur que le récipient est rempli.
Avec un léger sourire sur le visage, le professeur ramasse une boîte contenant du sable et commence à le verser dans le pot. Bien entendu, le sable remplit tout l’espace entre les balles de golf et les cailloux. Une nouvelle fois la même question, qui obtient la même réponse: pour les étudiants, on ne peut plus rien verser dans ce pot.
Le professeur, cette fois-ci franchement amusé, attrape une bouteille d’eau sous la table et verse tout son contenu dans le pot. L’eau comble alors immédiatement tout l’espace vide entre le sable. Réalisant qu’ils se sont encore fait avoir, les étudiants ne peuvent s’empêcher de rire de bon cœur.
« Maintenant », dit le professeur une fois le calme revenu, « je veux que vous imaginiez que ce pot représente votre vie.
Les balles de golf représentent les choses importantes: votre famille, vos enfants, votre santé, vos amis, vos passions favorites – les choses qui comblerait toujours votre vie même si tout le reste était perdu.
Les cailloux représentent les autres choses qui comptent comme votre travail, votre maison, votre voiture…
Le sable, c’est tout le reste – les petites choses. Si vous mettez le sable dans le pot en premier », poursuit-il, « il n’y a plus de place pour les cailloux ou les balles de golf. Il en va de même pour la vie. Si vous passez tout votre temps et dépensez votre énergie sur les petites choses, vous n’aurez jamais de place pour les choses qui sont importantes pour vous.
Faites particulièrement attention aux choses qui sont essentielles à votre bonheur. Jouez avec vos enfants. Prenez le temps de veiller à votre santé. Il y aura toujours du temps pour nettoyer la maison ou changer la poubelle. Prenez soin des balles de golf en premier, ce sont les choses qui comptent vraiment. Définissez vos priorités. Le reste n’est que du sable ».
Un bref silence suit cette leçon de sagesse, puis un étudiant lève la main et demande ce que l’eau représente. Le professeur sourit: « je suis content que vous posiez la question. Elle est simplement là pour vous montrer que, peu importe à quel point votre vie puisse paraître remplie, il y a toujours de la place pour boire un pot avec vos amis » !
Quand on y pense, on passe beaucoup de temps à se plaindre ou se faire du souci concernant les « petites choses » qui constituent notre quotidien. L’histoire de ce professeur et de son bocal nous rappelle qu’il est bon de savoir prendre du recul et de relativiser.
Gardons à l’esprit ce qui est vraiment important de ce qui est secondaire à l’échelle de notre vie. Réfléchissons à toutes ces choses qu’on perd de vue à force de les retarder. Et commençons à vivre pour le meilleur, ce qui est essentiel pour l’accomplissement de notre mission de vie (au service de notre mission fondamentale).
ET ne perdons pas de vue ce qui fait de nous des êtres meilleurs tels que Dieu les décrits :
3, [110] : Vous êtes la meilleure communauté qui n’ait jamais été donnée comme exemple aux hommes. En effet, vous recommandez le Bien, vous interdisez le Mal et vous croyez en Dieu.
Importance de décider tous les jours
Pour s’incarner dans notre réalité, notre mission de vie doit se décliner dans nos journées.
Tous les jours, il faut se reconnecter dans notre esprit et notre cœur à notre mission de vie et à notre mission fondamentale, pour adopter le bon état d’esprit, et décider en conscience et en responsabilité du « programme » ou du contenu de notre journée pour qu’elle soit au service de notre mission.
C’est comme si l’on se connectait à son GPS spirituel pour décider de l'itinéraire de la journée (et des arrêts nécessaires ou salutaires), du rythme à adopter, de l’endroit à atteindre pour cette partie du voyage.
Il y aura des jours où la connexion au GPS spirituel sera plus ou moins aisée que d’habitude. Il arrive parfois qu’on soit amené à démarrer l’itinéraire sans le signal GPS qui se fait désirer. Quand le GPS ne capte pas, le conducteur a plus de difficulté pour trouver la bonne voie, et il en résulte souvent une perte du chemin, de l’énergie et du temps.
Conduire avec un GPS fiable libère l’esprit du conducteur qui sera alors plus concentré sur la route, le paysage, les cadeaux semés sur le parcours, les épreuves à surmonter, et sa propre manière de conduire.
Importance de l’équilibre
L’islam est la religion de l’équilibre et de la modération.
L’un d’entre nous a beaucoup insisté sur l’équilibre dans la vie de manière générale, et donc au service de la mission fondamentale. Lire à ce sujet son article : https://amonfils.weebly.com/importance-du-ressourcement.html