L'Islam : Religion des DROITS DE LE FEMME
Sur la question plus générale « Islam et Droits de l’Homme », nous vous conseillons de lire notre article consacré à ce sujet http://discernement-islam.weebly.com/islam-et-droits-de-lhomme.html.
Ici nous aborderons la question de la femme dans l’Islam car :
. C’est une question très médiatisée en France (et à raison car elle est très importante) à travers des personnes et des médias qui mélangent méconnaissance, méfiance et parfois malveillance (et donc s’exprimant à tort et à travers).
. Cette question mérite une meilleure compréhension basée sur des connaissances solides de l’Islam et de son esprit juste, égalitaire et émancipateur.
Affirmer dans notre France d’aujourd’hui que l’Islam est LA religion des droits de la femme peut paraître provocateur pour celui qui ne connaît pas l’Islam et son histoire par rapport à cette question.
La thématique des femmes en Islam est malheureusement « coincée » aujourd’hui entre :
. la vision islamique traditionaliste, qui refuse toute réforme ou relecture par peur de perdre des valeurs identitaires idéalisées à outrance
. et la vision qui se dit « moderniste », qui inculpe le religieux et particulièrement l’Islam de tous les maux, dès qu’une occasion se présente.
Tenez-vous bien (vous serez probablement surpris de la suite !) : Nous allons vous démontrer que dans l’Islam :
. L’homme et la femme sont égaux en termes de nature et d’essence
. L’homme et la femme seront évalués selon le même critère par Dieu
. L’homme et la femme ont la même responsabilité dans l’édification de la civilisation humaine
. Le témoignage de l’homme a la même valeur que celui de la femme
. L’homme et la femme sont égaux en ce qui concerne l’héritage
. L’union conjugale est égalitaire entre l’homme et la femme
Voilà ce que dit l’Islam. Ce qu’applique la majorité de pays musulmans est hélas assez éloigné, ce qui conforte la désinformation dominante aujourd’hui sur ce sujet.
Pédagogie de libération progressive
Le Coran est un texte divin qui a été révélé dans le contexte social particulier de l’Arabie du VIIe siècle et la compréhension de certains de ses versets doit se faire en lien avec ce contexte particulier.
C’est donc à l’aune de ce contexte mais aussi de celui de l’état des lieux du reste de la civilisation humaine durant cette période, qu’il faudra évaluer les principes d’égalité dont fut porteur le message spirituel de l’Islam.
La perspective de l’approche contextualisée du texte nous montre à quel point la thématique des femmes a finalement été réduite aux versets dits socioculturels et comment toute la vision de l’éthique globale du message a été marginalisée en faveur de ces cinq ou six versets révélés pour une époque donnée.
La lecture fragmentée qui a extirpé le sens de ces versets de leur cadre normatif global a enfermé la thématique des femmes dans une interprétation littéraliste et étriquée et a largement participé à entretenir la vision péjorative d’une religion qui opprime les femmes et où la notion d’égalité est quasiment absente.
C’est pourquoi il faut toujours savoir garder en tête le contexte de la Révélation dans lequel beaucoup de dispositions coraniques ont été perçues comme totalement novatrices par rapport aux coutumes discriminatoires des peuples arabes de l’époque.
En effet, la péninsule Arabique était régie par un ordre clanique où le pouvoir du patriarcat, l’origine ethnique et les guerres tribales étaient les seules normes sociales reconnues.
L’Islam est venu bouleverser cet ordre non pas uniquement sur le plan spirituel et cultuel mais aussi et principalement au niveau de l’exigence de justice et de remise en cause du système tribal despotique et inégalitaire qui régnait à l’époque.
La Révélation et le comportement du Prophète de l’islam – très en faveur de la libération des femmes – vont venir bousculer de très nombreuses règles sociales antéislamiques de l’époque, d’ailleurs relativement comparables à d’autres régions du monde où la discrimination des femmes était la règle.
Les femmes étaient, avant l’Islam, considérées en général comme des êtres méprisables, sous tutelle juridique depuis leur naissance et jusqu’à leur mort. Elles étaient considérées comme faisant partie des « butins de guerre », n’avaient aucun droit à l’héritage et faisaient plutôt partie des « choses » héritées par les hommes. Le divorce était un droit exclusif des hommes ; la polygamie, considérée comme un droit inconditionnel, était illimitée et sans conditions ; et aucune participation sociale ou politique des femmes n’était tolérée.
La Révélation coranique va ainsi tenter de contrecarrer certaines coutumes, de lutter contre les discriminations les plus flagrantes ou parfois tenter de réduire leurs effets par l’instauration d’une pédagogie de libération progressive durant les vingt-trois années de la Révélation.
C’est ainsi que le Coran va par exemple affirmer de façon catégorique l’égalité spirituelle entre femmes et hommes.
La Révélation coranique va aussi donner en exemple des femmes qui ont marqué le cours de l’histoire. C’est ainsi que l’on retrouve des modèles de femmes érigées en symboles de la liberté, de l’autonomie, de la juste gouvernance, des femmes symboles de l’amour, de l’abnégation et de la sainteté. Cette symbolique féminine comme celle d’autres femmes citées dans le Coran est d’ailleurs rarement mise en évidence dans l’enseignement religieux ou dans le discours islamique contemporain, où la norme est de valoriser uniquement les figures masculines de l’épopée islamique.
L’homme et la femme sont égaux en termes de nature et d’essence
Le concept d’« essence unique » (nafs wâhida), traduit l’origine égalitaire des femmes et des hommes, créés de la même essence. Il n’y a pas de notion de création de la femme de la côte de l’homme dans le Coran, ni de création subalterne des femmes, encore moins de faute incriminée à la première femme de l’humanité !
Cas de la supposée autorité ou supériorité des hommes (qiwâma)
Le verset parlant de cette « supposée » autorité est celui très célèbre d’alqiwâma qui, dans la grande majorité des interprétations classiques, a été compris comme étant « le » verset qui stipule la supériorité absolue des hommes sur toutes les femmes, et qui par conséquent interdit de formuler ou même de penser toute notion d’égalité entre les femmes et les hommes en Islam. Le verset affirme ce qui suit : « Les hommes prennent en charge (qawwâmûn) les femmes en raison des faveurs que Dieu accorde à ceux-ci sur ceux-là, et aussi à cause des dépenses qu’ils font de leurs biens. ». Selon le contexte du verset, le terme de qawwâmûn veut dire ici plutôt « subvenir », ce qui est conforté par la suite du verset qui parle de « dépenses que les hommes font de leurs biens ».
Le verset parlant d’al-qiwâma, qui est le plus souvent traduit et interprété à tort par « autorité » ou « supériorité », correspond en fait à la responsabilité, voire à l’obligation, de l’époux, au sein du foyer conjugal, de subvenir aux besoins de tous les membres de sa famille, dont l’épouse. Cette notion ne peut être comprise qu’en replaçant le verset dans le contexte de l’époque, où la responsabilité financière du foyer conjugal revenait traditionnellement le plus souvent aux hommes.
Il est important de souligner ici que le concept de qiwâma, en tant que concept forgé de l’autorité et de la supériorité des hommes et tel qu’il a été compris et interprété dans les compilations d’exégèse, ne reflète pas l’idéal éthique du message spirituel concernant l’union conjugale où les valeurs de concertation, de compassion mutuelle, d’équité et de justice y constituent des principes inéluctables.
Or cette responsabilité matérielle, désignée par le concept de la qiwâma dans le Coran, a été comprise dans la lecture patriarcale islamique comme étant un privilège, voire une autorité accordée à l’homme qui, dès lors, détient tous les pouvoirs pour diriger son épouse et la maintenir sous son emprise.
L’homme et le femme seront évalués selon le même critère par Dieu
Le concept de taqwa, ou « intégrité morale », est un critère fondamental dans l’évaluation des êtres humains, qu’ils soient femmes ou hommes. Le Coran dit : « Le plus méritant d’entre vous [homme ou femme] auprès de Dieu est le plus intègre »
Les versets égalitaires
Au sein du texte coranique, la formalisation du langage masculin sous entend l’universalité humaine, le genre masculin étant – comme dans d’autres langues – utilisé comme « genre neutre ». Cependant, le texte inclut aussi une catégorie de versets où l’on retrouve une interpellation simultanée des femmes et des hommes avec une prescription totalement égalitaire pour les deux sexes. Il nous est impossible d’analyser tous les versets qui reflètent cette dimension égalitaire et que l’on peut dénombrer à environ une vingtaine de versets (Coran 2 : 221 ; 3 : 195 ; 4 : 7 ; 4 : 32 ; 4 : 35 ; 4 : 124 ; 4 : 130 ; 7 : 22 ; 9 : 71 ; 16 : 97 ; 24 : 2. ; 24 : 3 ; 24 : 6-9 ; 24 : 30 ; 24 : 31 ; 33 : 35 ; 33 : 36 ; 40 : 40 ; 48 : 5 ; 49 : 13.. )
Néanmoins, on citera certains exemples de versets afin d’étayer le propos.
C’est le cas par exemple de ce verset qui explicite de façon très claire l’interpellation égalitaire des femmes et des hommes, avec une insistance très délicate sur leurs qualités humaines respectives : « Les musulmans et les musulmanes, les croyants et les croyantes, les hommes pieux et les femmes pieuses, les hommes sincères et les femmes sincères, les hommes patients et les femmes patientes, ceux et celles qui sont intègres, ceux et celles qui pratiquent la charité […] à tous et toutes Dieu a réservé Son pardon et une magnifique récompense» À travers ce verset, le message passe du masculin pluriel habituel, qui englobe femmes et hommes, à l’énumération des qualités humaines au féminin et au masculin, dans une répétition soulignée qui illustre l’intention égalitaire du discours coranique.
D’autres versets égalitaires symbolisent l’égalité spirituelle de façon symétrique et harmonieuse dans l’interpellation des hommes et des femmes, et dans la valorisation de leurs actions dans cette vie. C’est l’exemple des versets suivants :
3, [195] : Et Leur Créateur leur répondit : Je ne ferais jamais perdre les bonnes oeuvres d’aucun d’entre vous, homme ou femme, vous êtes les uns issus des autres
16, [97] : Quiconque d’entre vous, homme ou femme, qui accomplit de bonnes oeuvres, alors qu’il est croyant, Nous lui assurerons une bonne vie et Nous le récompenserons de la meilleure manière et conformément à leurs bonnes actions dans cette vie
L’homme et la femme ont la même responsabilité dans l’édification de la civilisation humaine
Le concept de istikhlaf, ou la responsabilité égalitaire des hommes et des femmes dans l’édification de la civilisation humaine : c’est le « dépôt » de la Création qui revient aux femmes comme aux hommes, et cette khilâfa est une responsabilité qui incombe à chaque être humain sur terre.
Un autre concept clé est celui de wilâya, ou « alliance réciproque », qui affirme l’égalité sociopolitique des femmes et des hommes aussi bien dans l’espace privé que public. Au sein du privé ou de la vie conjugale, il correspond à cette complicité et responsabilité partagée des deux partenaires, alors qu’au sein de l’espace public il s’agit de la coresponsabilité sociopolitique.
Dans plusieurs versets, le Coran va aussi inciter les femmes à la participation sociale et politique, notamment au cours des cérémonies d’allégeance politique au cours desquelles des délégations d’hommes et de femmes concluaient un pacte politique avec le Prophète de l’Islam qui était le représentant de la communauté musulmane. L’allégeance était comprise à cette époque comme une initiative qui consistait à soutenir la représentation politique du dirigeant. C’est là un acte éminemment politique auquel ont participé les femmes, il y a quinze siècles, au nom de l’Islam.
Donner la parole politique à des femmes dans ce contexte, alors que quelques années auparavant elles n’avaient aucun statut social, qu’elles faisaient partie du « butin de guerre », qu’on les déshéritait parce qu’elles étaient femmes, constituait en lui-même un véritable chamboulement pour les normes sociales de l’époque.
Le témoignage de l’homme a la même valeur que celui de la femme
Un autre exemple de verset égalitaire important à citer est celui concernant l’égalité du témoignage des femmes et des hommes en cas d’adultère.
Il s’agit d’un verset dit du li‘ân, ou « imprécation solennelle mutuelle ». Il y est question de régler le conflit de l’adultère au sein du couple en instaurant l’égalité absolue du témoignage entre les deux époux : « Ceux qui accusent leurs conjoints d’adultère et qui n’ont d’autres témoins à produire qu’eux-mêmes, chacun d’eux témoignera en jurant quatre fois devant Dieu qu’il ne dit que la vérité. Et une cinquième fois pour invoquer la malédiction de Dieu sur lui s’il dit des mensonges. Aucune peine ne sera infligée à l’épouse si elle témoigne en jurant quatre fois devant Dieu que son mari a menti et une cinquième fois pour invoquer la colère de Dieu sur elle si c’est son mari qui dit la vérité. Cette prescription témoigne de la bonté et de la miséricorde de Dieu pour vous car Dieu, dans Sa sagesse, aime à pardonner »
Cette confrontation verbale symbolise un échange de témoignages entre les deux parties concernées dans un couple. Il s’agit là d’une confrontation de témoignage complètement égalitaire et qui renvoie chacun, aussi bien le mari que la femme, à sa propre conscience morale. Nous sommes donc ici devant un des exemples les plus frappants quant à l’égalité dans le témoignage entre un homme et une femme et, qui plus est, qui se veut être un témoignage au coeur de ce qu’un couple a de plus précieux dans sa vie intime, à savoir les liens de fidélité et de confiance réciproque.
La valeur d’un témoignage est liée à la compétence sur le sujet concerné !
A l'époque de la révélation, e, Arabie, les femmes étaient très peu impliquées dans la vie économique et les transactions, leur témoignage de valeur moindre témoigne de ce état de fait.
Dans ce cas, et dans ce cas seulement (quand manquaient la compétence et l’expérience), l’exigence de deux témoins a pu se comprendre et s’expliquer.
En règle générale, néanmoins, le témoignage d’une femme équivaut au témoignage d’un homme (comme le prévoit d’ailleurs le Coran même, en cas d’accusation mutuelle au sein du couple). Ce doit être la règle dans la vie courante, dans l’engagement professionnel ou devant les tribunaux, où la femme peut être témoin et, plus spécifiquement, exercer le métier de juge ou d’avocat.
En d’autres termes, si dans un domaine donné aujourd’hui, une femme est plus expérimentée et ayant plus de connaissances qu’un homme, il ne serait pas aberrant, selon la vision islamique fidèle à l’esprit de justice, que le témoignage de la femme vaille le double (ou plus) que celui d’un homme.
Même sans considération religieuse, les tribunaux accordent beaucoup plus de valeur aux témoins (indépendamment de leur genre) ayant le plus d’expertise dans le domaine en question ! L’Islam ne dit rien d’autre.
L’homme et la femme sont égaux en ce qui concerne l’héritage
La prise en compte du contexte n’est pas moins importante pour tous les versets relatifs aux questions d’héritage.
Ils sont très nombreux et fort précis dans leur énoncé.
De nombreux cas de figure sont abordés, que les héritiers soient les filles et les fils du défunt, ou qu’il y ait d’autres ayants droit tels que la mère, le père et, plus largement, la famille du défunt. On retient souvent le cas de l’héritage direct, où la fille reçoit la moitié de la part du garçon, alors qu’il est de nombreuses situations où, du fait de la division des parts au sein la famille, la femme reçoit davantage que l’homme. La répartition de l’héritage est liée à une conception très spécifique de la famille et des rôles respectifs, où l’homme a le devoir de subvenir aux besoins de sa famille, tandis que la femme a le droit d’être prise en charge.
Ainsi, l’homme qui reçoit le double de l’héritage est censé le dépenser pour son bien-être et celui de sa famille, tandis que la femme le reçoit pour elle seule, sans que personne, ni son mari ni sa famille, ait des comptes à lui demander quant à l’usage qu’elle en fait.
En théorie, la répartition est donc compréhensible et équilibrée, mais qu’en est-il lorsque, en pratique, les femmes ne sont pas prises en charge par leur famille, que les hommes divorcent et parfois les délaissent avec, en sus, des enfants à charge ? Sur de telles questions, certains savants refusent d’entrer en matière et, au nom de la clarté des Textes, prétendent imposer une application stricte de la règle. Ils affirment que ce ne sont pas les Textes qu’il faut changer, mais les comportements des hommes qui ne respectent pas leurs devoirs. Tous s’accordent sur ce dernier point. Il n’en reste pas moins qu’il convient de considérer la prégnance du contexte (il arrive que des hommes soient aussi victimes d’une répartition inéquitable) et d’éviter une application littérale qui serait trahison de la raison d’être et de l’objectif de la règle (à savoir une distribution proportionnée en fonction des rôles, des devoirs et des droits).
Cette traduction de la règle dans le réel exige de penser une application adaptée qui préserve l’esprit, rappelle l’idéal et l’objectif, mais ne soit pas concrètement un supplément d’injustice faite aux femmes. Cela peut passer par une compensation octroyée aux héritières par l’autorité publique locale (si effectivement la femme n’est pas prise en charge), ou par une gestion interne, au cas par cas, selon l’attitude des fils quant à leur responsabilité de subvenir – à hauteur de l’héritage reçu — aux besoins de leurs soeurs. En cas de démission caractérisée des hommes, la répartition devrait, au cas par cas, être adaptée et égalitaire, afin de préserver la raison d’être et l’objectif de l’héritage, qui est justement d’assurer le bien-être et la prise en charge des femmes.
Il est toujours utile de rappeler que les femmes musulmanes, avant l’avènement de l’islam, n’avaient aucun droit à l’héritage ; bien au contraire, elles faisaient partie des biens que les hommes s’appropriaient à la mort de leurs proches. Avec la Révélation islamique, les femmes ont eu d’emblée droit à l’héritage, droit, faut-il le rappeler, qu’aucun texte révélé antérieur n’avait évoqué.
Il serait donc temps aujourd’hui de revenir aux versets qui définissent les bases de l’égalité générale dans l’héritage, puisque rien n’empêche – et surtout pas d’un point de vue islamique – l’égalité dans le cas de la fratrie.
De ce fait, attribuer une part égale aux héritiers, c’est demeurer fidèle au principe de la justice et de l’équité des finalités du verset concerné.
L’union conjugale est égalitaire entre l’homme et la femme
Les concepts liés à l’union conjugale : on retrouve un grand nombre de concepts liés au mariage, dont celui du ma‘rûf , qui peut être traduit par « bien commun » et qui est considéré comme constitutif de la base éthique de l’union entre une femme et un homme. Le mariage est aussi décrit dans le Coran comme étant un pacte « lourd de sens » (mîthâq ghalîz), défini par des principes de concertation et d’entente mutuelle (tashâwur wa tarâdî), de générosité réciproque (fadl), d’amour et de compassion (mawwada, rahma), de sérénité (sakîna).
Le cas de la polygamie
Tout d’abord rappelons que l’Islam n’a pas « inventé » la polygamie et qu’elle a été de tout temps pratiquée par toutes les civilisations humaines.
C’est en Afrique noire que la polygamie constitue un phénomène important, avec des proportions de femmes vivant en union polygame variant entre 30 et 55 % ; cette polygamie de masse ne doit rien à l’Islam, comme l’ont montré de nombreuses études à ce sujet. C’est ainsi que les animistes traditionnels ont un taux de polygamie de l’ordre de 47,5 %, qui reste supérieur à celui des musulmans. Dans certaines régions africaines, notamment au Tchad, on retrouve un taux de polygamie chez les catholiques nettement plus élevé que chez les musulmans de la même région. Actuellement, la polygamie dans le monde arabo-musulman reste minoritaire et atteint des taux qui dépassent rarement les 5 % (voir l’ouvrage de Youssef Courbage et Emmanuel Todd, Le Rendez-vous des civilisations, Seuil, 2007, p. 60).
Concernant les versets qui parlent de polygamie, il faudrait là aussi les relire dans leur contexte, autrement dit celui de l’Arabie préislamique où le nombre d’épouses était illimité et constituait une tradition ancestrale. Il va sans dire que l’instauration de la monogamie comme norme du mariage au sein de la structure polygame traditionnelle de l’époque a nécessité la révélation progressive de plusieurs versets. Dans un premier temps, le Coran instaure une période de transition en limitant les épouses à quatre et, surtout, en subordonnant cette limitation à la stricte égalité entre les épouses afin d’en réduire la possibilité. C’est dans un deuxième temps que le Coran annonce sa nette désapprobation par un verset qui montre explicitement qu’il est impossible d’être juste et équitable dans le cadre d’un mariage polygame :
4, [129] : Mais vous ne parviendrez jamais à être équitable envers vos femmes et ce quel que soit le soin que vous y apportiez
Ce dernier verset est à considérer comme une recommandation formelle à la monogamie, puisque c’est elle seule qui peut assurer l’équilibre et la stabilité au sein d’une famille.
Contrairement, donc, à bien des idées reçues, notamment dans le monde musulman, la polygamie n’est pas une prescription d’ordre divin puisqu’au sein du mariage la norme du point de vue islamique est bien la monogamie.
Malheureusement, de nombreuses interprétations du Coran au cours de l’histoire islamique ont fait que c’est la première « permission » qui a été retenue au détriment du verset qui recommande la monogamie comme norme du mariage. La polygamie est même devenue, par la force des choses, un droit de l’homme qui présuppose sa supériorité et sa domination au sein du patriarcat traditionnel.
Le cas de la supposée « répudiation »
Le divorce, formulé le plus souvent sous forme de « répudiation » dans la majorité des interprétations juridiques islamiques, est considéré comme un droit inaliénable et exclusif des hommes.
La relecture de ce concept au sein des textes scripturaires a mis en évidence tout d’abord le fait que le Coran parle de talaq, ce qui peut se traduire par « divorce » et non pas par « répudiation », terme que l’on retrouve dans de nombreuses traductions ainsi que dans une certaine compréhension juridique du divorce en islam. À aucun moment dans le Coran on ne retrouve l’équivalent en arabe de répudiation, dans le cas du talaq. Il s’agit donc plutôt de la rupture du contrat de mariage. En effet, selon une nouvelle approche herméneutique, on découvre que le divorce est un droit égalitaire que peut exercer aussi bien la femme que l’homme, et cela selon trois modalités telles que proposées par le Coran : le divorce par consentement mutuel, le divorce sur demande de l’époux et le divorce sollicité par l’épouse.
Certains pays dits islamiques commencent à intégrer cette égalité sur la question du divorce dans leur législation (ce progrès dans la compréhension des textes est donc en cours).
Conclusion :
Point n’est besoin de se lancer dans une longue plaidoirie pour rappeler que l’Islam a libéré la femme et qu’il lui a accordé des droits qu’aucune femme n’avait obtenus auparavant.
Certes, il y a encore des domaines où il reste beaucoup de progrès à faire et, le pouvoir étant comme partout dans le monde entre les mains des hommes, il n’y aurait rien d’étonnant à constater que les gouvernants des pays musulmans n’ont pas particulièrement envie de se presser pour céder de leur pouvoir au profit de la femme.
Des versets et des traditions prophétiques étaient interprétés littéralement, sans tenir compte du Message dans sa globalité. Le cadre culturel et patriarcal dans lequel vivaient savants et juristes ne pouvait être sans effet sur leur compréhension des Textes étudiés. De sorte que l’on observe, dans la littérature islamique au sujet des femmes, une triple distorsion : on s’intéresse à son rôle plus qu’à son être, on donne la priorité à la partie (certains versets lus littéralement) en contradiction avec le tout (les finalités générales du Message) et l’on confond le donné culturel et le principe religieux.
Ces façons de voir ont donné lieu à des interprétations très dommageables. De grands savants, au cours de l’Histoire, ont produit des commentaires réducteurs, justifiant les comportements les plus inappropriés. Tel, dès le xiie siècle, a considéré que le contrat de mariage s’apparentait à une relation de maître à esclave ; tel autre, encore aujourd’hui, autorise la violence conjugale ; et certains ont pu défendre les mariages arrangés sans que l’avis de la femme (et parfois de l’homme) soit sollicité. Nul ne peut nier que ces interprétations et ces commentaires extravagants existent, que des réflexions et des avis juridiques inacceptables car discriminatoires ont été formulés par le droit musulman au cours de son histoire, y compris par les savants les plus reconnus et respectés sur d’autres questions.
Le Message, dans sa globalité, dit pourtant tout le contraire.
La Révélation appelait les premiers musulmans à vivre l’égalité et le partenariat dans le couple, à demander l’avis de la femme pour le choix de son époux et enfin à interdire toute violence conjugale, à l’exemple du Prophète qui jamais ne frappa une femme et qui affirma : «Ne frappez pas les servantes de Dieu [les femmes]. »
La France a commencé sa Révolution en 1789, dans un environnement occidental marqué par les progrès scientifiques, techniques et industriels, et il faudra attendre plus d’un siècle (1907) pour que les femmes puissent disposer librement de leur salaire. L’Islam, dès sa révélation, treize siècles auparavant, avait interdit au mari de toucher au patrimoine de son épouse comme à son salaire, dont elle peut disposer à sa guise et qu’elle n’est pas obligée d’utiliser pour les dépenses du ménage. Cette charge est réservée au mari, puisqu’il est le chef de famille. En France, c’est tout récemment, en 1942, que les femmes ont pu ouvrir un compte bancaire et ce n’est qu’encore plus récemment, en 1965, qu’elles ont eu le droit d’exercer une activité professionnelle, de gérer leurs bien propres et d’ouvrir un compte bancaire sans l’autorisation de leur mari.
La logique et le bon sens voudraient que soit laissé au moins autant de temps à des pays nouvellement émancipés, dirigés par des gouvernants autocratiques ou corrompus mais dont la jeunesse éprise de progrès et de démocratie est prête à faire sa révolution à la première occasion, pour essayer de faire bouger les lignes.
Cette révolution passerait obligatoirement par des mesures nécessaires à l’émancipation de la femme, par la relecture raisonnée du Coran.
Dans beaucoup de pays musulmans, un véritable travail de réflexion relatif au statut de la femme et à l’égalité homme-femme est accompli à tous les niveaux de la société.
On n’hésite pas à revenir aux textes originels et à ne plus se contenter des exégèses imposées il y a des siècles et qui sont à l’origine de cet immobilisme qu’on reproche à juste titre à l’Islam.
Dons son dernier prêche (prêche de l’adieu), le prophète Muhammad a dit :
« Ô peuple ! Il est vrai que vous avez des droits sur vos femmes, mais elles ont aussi des droits sur vous. Souvenez-vous que vous les avez prises comme femmes seulement avec la permission et de Dieu et en remplissant un pacte avec Lui... Traitez bien vos femmes et soyez gentils avec elles, car elles sont vos partenaires… »
Une manière de nous inciter à poursuivre le travail d’émancipation et d’égalité (révolutionnaire pour son époque) qu’il a entrepris, et de ne le considérer abouti que lorsqu’il le sera réellement.
L’élan initial et l’esprit du Coran ont été révélateurs d’une émancipation significative des femmes – particulièrement pour l’époque de la Révélation – et d’une volonté certaine de fonder une spiritualité égalitaire entre femmes et hommes.
Il faut relire le Coran selon son impulsion initiale, autrement dit celle d’une dimension éthique universelle et libératrice.
C’est dans ce sens qu’il faut toujours savoir faire une double lecture des sources : celle qui distingue l’« esprit du texte » – valable encore de nos jours quatorze siècles plus tard – et celle de la réponse donnée à l’événement contingent enracinée dans la réalité de l’époque et qui est actuellement complètement dépassée.
L’exigence de justice étant l’une des finalités les plus importantes du message spirituel de l’Islam, tout verset dont l’application devient injuste doit être réinterprété puisque, selon l’une des règles fondamentales du droit musulman, « la finalité est intemporelle et son application [loi] est temporaire et dépend du contexte ».
C’est aussi ce qu’ont affirmé la plupart des savants. L’un d’eux résume cette règle dans ce légendaire énoncé :
« La principale finalité divine est la justice et l’équité entre les êtres humains, tout ce qui peut assurer la justice et l’équité dans une société est islamique et n’est pas incompatible avec la voie religieuse ».
Il est impératif aujourd’hui de revenir à l’esprit du message spirituel de l’islam qui offre toute latitude pour établir l’égalité entre les hommes et les femmes.
Pour ces questions concernant les femmes en Islam, retenons trois choses :
. des principes simples et immuables d’égalité et d’équité entre les femmes et les hommes
. une pédagogie de libération progressive révolutionnaire par rapport à une époque (mais inadaptée à une autre époque)
. une leçon pour poursuivre le combat pour l’égalité des sexes, selon la maturité de notre société (et nous pensons qu’elle est mature aujourd’hui, en France en tous cas) pour obtenir cette égalité totale dans les faits, avec l’appui d’une lecture cohérente du Coran !
Sur la question plus générale « Islam et Droits de l’Homme », nous vous conseillons de lire notre article consacré à ce sujet http://discernement-islam.weebly.com/islam-et-droits-de-lhomme.html.
Ici nous aborderons la question de la femme dans l’Islam car :
. C’est une question très médiatisée en France (et à raison car elle est très importante) à travers des personnes et des médias qui mélangent méconnaissance, méfiance et parfois malveillance (et donc s’exprimant à tort et à travers).
. Cette question mérite une meilleure compréhension basée sur des connaissances solides de l’Islam et de son esprit juste, égalitaire et émancipateur.
Affirmer dans notre France d’aujourd’hui que l’Islam est LA religion des droits de la femme peut paraître provocateur pour celui qui ne connaît pas l’Islam et son histoire par rapport à cette question.
La thématique des femmes en Islam est malheureusement « coincée » aujourd’hui entre :
. la vision islamique traditionaliste, qui refuse toute réforme ou relecture par peur de perdre des valeurs identitaires idéalisées à outrance
. et la vision qui se dit « moderniste », qui inculpe le religieux et particulièrement l’Islam de tous les maux, dès qu’une occasion se présente.
Tenez-vous bien (vous serez probablement surpris de la suite !) : Nous allons vous démontrer que dans l’Islam :
. L’homme et la femme sont égaux en termes de nature et d’essence
. L’homme et la femme seront évalués selon le même critère par Dieu
. L’homme et la femme ont la même responsabilité dans l’édification de la civilisation humaine
. Le témoignage de l’homme a la même valeur que celui de la femme
. L’homme et la femme sont égaux en ce qui concerne l’héritage
. L’union conjugale est égalitaire entre l’homme et la femme
Voilà ce que dit l’Islam. Ce qu’applique la majorité de pays musulmans est hélas assez éloigné, ce qui conforte la désinformation dominante aujourd’hui sur ce sujet.
Pédagogie de libération progressive
Le Coran est un texte divin qui a été révélé dans le contexte social particulier de l’Arabie du VIIe siècle et la compréhension de certains de ses versets doit se faire en lien avec ce contexte particulier.
C’est donc à l’aune de ce contexte mais aussi de celui de l’état des lieux du reste de la civilisation humaine durant cette période, qu’il faudra évaluer les principes d’égalité dont fut porteur le message spirituel de l’Islam.
La perspective de l’approche contextualisée du texte nous montre à quel point la thématique des femmes a finalement été réduite aux versets dits socioculturels et comment toute la vision de l’éthique globale du message a été marginalisée en faveur de ces cinq ou six versets révélés pour une époque donnée.
La lecture fragmentée qui a extirpé le sens de ces versets de leur cadre normatif global a enfermé la thématique des femmes dans une interprétation littéraliste et étriquée et a largement participé à entretenir la vision péjorative d’une religion qui opprime les femmes et où la notion d’égalité est quasiment absente.
C’est pourquoi il faut toujours savoir garder en tête le contexte de la Révélation dans lequel beaucoup de dispositions coraniques ont été perçues comme totalement novatrices par rapport aux coutumes discriminatoires des peuples arabes de l’époque.
En effet, la péninsule Arabique était régie par un ordre clanique où le pouvoir du patriarcat, l’origine ethnique et les guerres tribales étaient les seules normes sociales reconnues.
L’Islam est venu bouleverser cet ordre non pas uniquement sur le plan spirituel et cultuel mais aussi et principalement au niveau de l’exigence de justice et de remise en cause du système tribal despotique et inégalitaire qui régnait à l’époque.
La Révélation et le comportement du Prophète de l’islam – très en faveur de la libération des femmes – vont venir bousculer de très nombreuses règles sociales antéislamiques de l’époque, d’ailleurs relativement comparables à d’autres régions du monde où la discrimination des femmes était la règle.
Les femmes étaient, avant l’Islam, considérées en général comme des êtres méprisables, sous tutelle juridique depuis leur naissance et jusqu’à leur mort. Elles étaient considérées comme faisant partie des « butins de guerre », n’avaient aucun droit à l’héritage et faisaient plutôt partie des « choses » héritées par les hommes. Le divorce était un droit exclusif des hommes ; la polygamie, considérée comme un droit inconditionnel, était illimitée et sans conditions ; et aucune participation sociale ou politique des femmes n’était tolérée.
La Révélation coranique va ainsi tenter de contrecarrer certaines coutumes, de lutter contre les discriminations les plus flagrantes ou parfois tenter de réduire leurs effets par l’instauration d’une pédagogie de libération progressive durant les vingt-trois années de la Révélation.
C’est ainsi que le Coran va par exemple affirmer de façon catégorique l’égalité spirituelle entre femmes et hommes.
La Révélation coranique va aussi donner en exemple des femmes qui ont marqué le cours de l’histoire. C’est ainsi que l’on retrouve des modèles de femmes érigées en symboles de la liberté, de l’autonomie, de la juste gouvernance, des femmes symboles de l’amour, de l’abnégation et de la sainteté. Cette symbolique féminine comme celle d’autres femmes citées dans le Coran est d’ailleurs rarement mise en évidence dans l’enseignement religieux ou dans le discours islamique contemporain, où la norme est de valoriser uniquement les figures masculines de l’épopée islamique.
L’homme et la femme sont égaux en termes de nature et d’essence
Le concept d’« essence unique » (nafs wâhida), traduit l’origine égalitaire des femmes et des hommes, créés de la même essence. Il n’y a pas de notion de création de la femme de la côte de l’homme dans le Coran, ni de création subalterne des femmes, encore moins de faute incriminée à la première femme de l’humanité !
Cas de la supposée autorité ou supériorité des hommes (qiwâma)
Le verset parlant de cette « supposée » autorité est celui très célèbre d’alqiwâma qui, dans la grande majorité des interprétations classiques, a été compris comme étant « le » verset qui stipule la supériorité absolue des hommes sur toutes les femmes, et qui par conséquent interdit de formuler ou même de penser toute notion d’égalité entre les femmes et les hommes en Islam. Le verset affirme ce qui suit : « Les hommes prennent en charge (qawwâmûn) les femmes en raison des faveurs que Dieu accorde à ceux-ci sur ceux-là, et aussi à cause des dépenses qu’ils font de leurs biens. ». Selon le contexte du verset, le terme de qawwâmûn veut dire ici plutôt « subvenir », ce qui est conforté par la suite du verset qui parle de « dépenses que les hommes font de leurs biens ».
Le verset parlant d’al-qiwâma, qui est le plus souvent traduit et interprété à tort par « autorité » ou « supériorité », correspond en fait à la responsabilité, voire à l’obligation, de l’époux, au sein du foyer conjugal, de subvenir aux besoins de tous les membres de sa famille, dont l’épouse. Cette notion ne peut être comprise qu’en replaçant le verset dans le contexte de l’époque, où la responsabilité financière du foyer conjugal revenait traditionnellement le plus souvent aux hommes.
Il est important de souligner ici que le concept de qiwâma, en tant que concept forgé de l’autorité et de la supériorité des hommes et tel qu’il a été compris et interprété dans les compilations d’exégèse, ne reflète pas l’idéal éthique du message spirituel concernant l’union conjugale où les valeurs de concertation, de compassion mutuelle, d’équité et de justice y constituent des principes inéluctables.
Or cette responsabilité matérielle, désignée par le concept de la qiwâma dans le Coran, a été comprise dans la lecture patriarcale islamique comme étant un privilège, voire une autorité accordée à l’homme qui, dès lors, détient tous les pouvoirs pour diriger son épouse et la maintenir sous son emprise.
L’homme et le femme seront évalués selon le même critère par Dieu
Le concept de taqwa, ou « intégrité morale », est un critère fondamental dans l’évaluation des êtres humains, qu’ils soient femmes ou hommes. Le Coran dit : « Le plus méritant d’entre vous [homme ou femme] auprès de Dieu est le plus intègre »
Les versets égalitaires
Au sein du texte coranique, la formalisation du langage masculin sous entend l’universalité humaine, le genre masculin étant – comme dans d’autres langues – utilisé comme « genre neutre ». Cependant, le texte inclut aussi une catégorie de versets où l’on retrouve une interpellation simultanée des femmes et des hommes avec une prescription totalement égalitaire pour les deux sexes. Il nous est impossible d’analyser tous les versets qui reflètent cette dimension égalitaire et que l’on peut dénombrer à environ une vingtaine de versets (Coran 2 : 221 ; 3 : 195 ; 4 : 7 ; 4 : 32 ; 4 : 35 ; 4 : 124 ; 4 : 130 ; 7 : 22 ; 9 : 71 ; 16 : 97 ; 24 : 2. ; 24 : 3 ; 24 : 6-9 ; 24 : 30 ; 24 : 31 ; 33 : 35 ; 33 : 36 ; 40 : 40 ; 48 : 5 ; 49 : 13.. )
Néanmoins, on citera certains exemples de versets afin d’étayer le propos.
C’est le cas par exemple de ce verset qui explicite de façon très claire l’interpellation égalitaire des femmes et des hommes, avec une insistance très délicate sur leurs qualités humaines respectives : « Les musulmans et les musulmanes, les croyants et les croyantes, les hommes pieux et les femmes pieuses, les hommes sincères et les femmes sincères, les hommes patients et les femmes patientes, ceux et celles qui sont intègres, ceux et celles qui pratiquent la charité […] à tous et toutes Dieu a réservé Son pardon et une magnifique récompense» À travers ce verset, le message passe du masculin pluriel habituel, qui englobe femmes et hommes, à l’énumération des qualités humaines au féminin et au masculin, dans une répétition soulignée qui illustre l’intention égalitaire du discours coranique.
D’autres versets égalitaires symbolisent l’égalité spirituelle de façon symétrique et harmonieuse dans l’interpellation des hommes et des femmes, et dans la valorisation de leurs actions dans cette vie. C’est l’exemple des versets suivants :
3, [195] : Et Leur Créateur leur répondit : Je ne ferais jamais perdre les bonnes oeuvres d’aucun d’entre vous, homme ou femme, vous êtes les uns issus des autres
16, [97] : Quiconque d’entre vous, homme ou femme, qui accomplit de bonnes oeuvres, alors qu’il est croyant, Nous lui assurerons une bonne vie et Nous le récompenserons de la meilleure manière et conformément à leurs bonnes actions dans cette vie
L’homme et la femme ont la même responsabilité dans l’édification de la civilisation humaine
Le concept de istikhlaf, ou la responsabilité égalitaire des hommes et des femmes dans l’édification de la civilisation humaine : c’est le « dépôt » de la Création qui revient aux femmes comme aux hommes, et cette khilâfa est une responsabilité qui incombe à chaque être humain sur terre.
Un autre concept clé est celui de wilâya, ou « alliance réciproque », qui affirme l’égalité sociopolitique des femmes et des hommes aussi bien dans l’espace privé que public. Au sein du privé ou de la vie conjugale, il correspond à cette complicité et responsabilité partagée des deux partenaires, alors qu’au sein de l’espace public il s’agit de la coresponsabilité sociopolitique.
Dans plusieurs versets, le Coran va aussi inciter les femmes à la participation sociale et politique, notamment au cours des cérémonies d’allégeance politique au cours desquelles des délégations d’hommes et de femmes concluaient un pacte politique avec le Prophète de l’Islam qui était le représentant de la communauté musulmane. L’allégeance était comprise à cette époque comme une initiative qui consistait à soutenir la représentation politique du dirigeant. C’est là un acte éminemment politique auquel ont participé les femmes, il y a quinze siècles, au nom de l’Islam.
Donner la parole politique à des femmes dans ce contexte, alors que quelques années auparavant elles n’avaient aucun statut social, qu’elles faisaient partie du « butin de guerre », qu’on les déshéritait parce qu’elles étaient femmes, constituait en lui-même un véritable chamboulement pour les normes sociales de l’époque.
Le témoignage de l’homme a la même valeur que celui de la femme
Un autre exemple de verset égalitaire important à citer est celui concernant l’égalité du témoignage des femmes et des hommes en cas d’adultère.
Il s’agit d’un verset dit du li‘ân, ou « imprécation solennelle mutuelle ». Il y est question de régler le conflit de l’adultère au sein du couple en instaurant l’égalité absolue du témoignage entre les deux époux : « Ceux qui accusent leurs conjoints d’adultère et qui n’ont d’autres témoins à produire qu’eux-mêmes, chacun d’eux témoignera en jurant quatre fois devant Dieu qu’il ne dit que la vérité. Et une cinquième fois pour invoquer la malédiction de Dieu sur lui s’il dit des mensonges. Aucune peine ne sera infligée à l’épouse si elle témoigne en jurant quatre fois devant Dieu que son mari a menti et une cinquième fois pour invoquer la colère de Dieu sur elle si c’est son mari qui dit la vérité. Cette prescription témoigne de la bonté et de la miséricorde de Dieu pour vous car Dieu, dans Sa sagesse, aime à pardonner »
Cette confrontation verbale symbolise un échange de témoignages entre les deux parties concernées dans un couple. Il s’agit là d’une confrontation de témoignage complètement égalitaire et qui renvoie chacun, aussi bien le mari que la femme, à sa propre conscience morale. Nous sommes donc ici devant un des exemples les plus frappants quant à l’égalité dans le témoignage entre un homme et une femme et, qui plus est, qui se veut être un témoignage au coeur de ce qu’un couple a de plus précieux dans sa vie intime, à savoir les liens de fidélité et de confiance réciproque.
La valeur d’un témoignage est liée à la compétence sur le sujet concerné !
A l'époque de la révélation, e, Arabie, les femmes étaient très peu impliquées dans la vie économique et les transactions, leur témoignage de valeur moindre témoigne de ce état de fait.
Dans ce cas, et dans ce cas seulement (quand manquaient la compétence et l’expérience), l’exigence de deux témoins a pu se comprendre et s’expliquer.
En règle générale, néanmoins, le témoignage d’une femme équivaut au témoignage d’un homme (comme le prévoit d’ailleurs le Coran même, en cas d’accusation mutuelle au sein du couple). Ce doit être la règle dans la vie courante, dans l’engagement professionnel ou devant les tribunaux, où la femme peut être témoin et, plus spécifiquement, exercer le métier de juge ou d’avocat.
En d’autres termes, si dans un domaine donné aujourd’hui, une femme est plus expérimentée et ayant plus de connaissances qu’un homme, il ne serait pas aberrant, selon la vision islamique fidèle à l’esprit de justice, que le témoignage de la femme vaille le double (ou plus) que celui d’un homme.
Même sans considération religieuse, les tribunaux accordent beaucoup plus de valeur aux témoins (indépendamment de leur genre) ayant le plus d’expertise dans le domaine en question ! L’Islam ne dit rien d’autre.
L’homme et la femme sont égaux en ce qui concerne l’héritage
La prise en compte du contexte n’est pas moins importante pour tous les versets relatifs aux questions d’héritage.
Ils sont très nombreux et fort précis dans leur énoncé.
De nombreux cas de figure sont abordés, que les héritiers soient les filles et les fils du défunt, ou qu’il y ait d’autres ayants droit tels que la mère, le père et, plus largement, la famille du défunt. On retient souvent le cas de l’héritage direct, où la fille reçoit la moitié de la part du garçon, alors qu’il est de nombreuses situations où, du fait de la division des parts au sein la famille, la femme reçoit davantage que l’homme. La répartition de l’héritage est liée à une conception très spécifique de la famille et des rôles respectifs, où l’homme a le devoir de subvenir aux besoins de sa famille, tandis que la femme a le droit d’être prise en charge.
Ainsi, l’homme qui reçoit le double de l’héritage est censé le dépenser pour son bien-être et celui de sa famille, tandis que la femme le reçoit pour elle seule, sans que personne, ni son mari ni sa famille, ait des comptes à lui demander quant à l’usage qu’elle en fait.
En théorie, la répartition est donc compréhensible et équilibrée, mais qu’en est-il lorsque, en pratique, les femmes ne sont pas prises en charge par leur famille, que les hommes divorcent et parfois les délaissent avec, en sus, des enfants à charge ? Sur de telles questions, certains savants refusent d’entrer en matière et, au nom de la clarté des Textes, prétendent imposer une application stricte de la règle. Ils affirment que ce ne sont pas les Textes qu’il faut changer, mais les comportements des hommes qui ne respectent pas leurs devoirs. Tous s’accordent sur ce dernier point. Il n’en reste pas moins qu’il convient de considérer la prégnance du contexte (il arrive que des hommes soient aussi victimes d’une répartition inéquitable) et d’éviter une application littérale qui serait trahison de la raison d’être et de l’objectif de la règle (à savoir une distribution proportionnée en fonction des rôles, des devoirs et des droits).
Cette traduction de la règle dans le réel exige de penser une application adaptée qui préserve l’esprit, rappelle l’idéal et l’objectif, mais ne soit pas concrètement un supplément d’injustice faite aux femmes. Cela peut passer par une compensation octroyée aux héritières par l’autorité publique locale (si effectivement la femme n’est pas prise en charge), ou par une gestion interne, au cas par cas, selon l’attitude des fils quant à leur responsabilité de subvenir – à hauteur de l’héritage reçu — aux besoins de leurs soeurs. En cas de démission caractérisée des hommes, la répartition devrait, au cas par cas, être adaptée et égalitaire, afin de préserver la raison d’être et l’objectif de l’héritage, qui est justement d’assurer le bien-être et la prise en charge des femmes.
Il est toujours utile de rappeler que les femmes musulmanes, avant l’avènement de l’islam, n’avaient aucun droit à l’héritage ; bien au contraire, elles faisaient partie des biens que les hommes s’appropriaient à la mort de leurs proches. Avec la Révélation islamique, les femmes ont eu d’emblée droit à l’héritage, droit, faut-il le rappeler, qu’aucun texte révélé antérieur n’avait évoqué.
Il serait donc temps aujourd’hui de revenir aux versets qui définissent les bases de l’égalité générale dans l’héritage, puisque rien n’empêche – et surtout pas d’un point de vue islamique – l’égalité dans le cas de la fratrie.
De ce fait, attribuer une part égale aux héritiers, c’est demeurer fidèle au principe de la justice et de l’équité des finalités du verset concerné.
L’union conjugale est égalitaire entre l’homme et la femme
Les concepts liés à l’union conjugale : on retrouve un grand nombre de concepts liés au mariage, dont celui du ma‘rûf , qui peut être traduit par « bien commun » et qui est considéré comme constitutif de la base éthique de l’union entre une femme et un homme. Le mariage est aussi décrit dans le Coran comme étant un pacte « lourd de sens » (mîthâq ghalîz), défini par des principes de concertation et d’entente mutuelle (tashâwur wa tarâdî), de générosité réciproque (fadl), d’amour et de compassion (mawwada, rahma), de sérénité (sakîna).
Le cas de la polygamie
Tout d’abord rappelons que l’Islam n’a pas « inventé » la polygamie et qu’elle a été de tout temps pratiquée par toutes les civilisations humaines.
C’est en Afrique noire que la polygamie constitue un phénomène important, avec des proportions de femmes vivant en union polygame variant entre 30 et 55 % ; cette polygamie de masse ne doit rien à l’Islam, comme l’ont montré de nombreuses études à ce sujet. C’est ainsi que les animistes traditionnels ont un taux de polygamie de l’ordre de 47,5 %, qui reste supérieur à celui des musulmans. Dans certaines régions africaines, notamment au Tchad, on retrouve un taux de polygamie chez les catholiques nettement plus élevé que chez les musulmans de la même région. Actuellement, la polygamie dans le monde arabo-musulman reste minoritaire et atteint des taux qui dépassent rarement les 5 % (voir l’ouvrage de Youssef Courbage et Emmanuel Todd, Le Rendez-vous des civilisations, Seuil, 2007, p. 60).
Concernant les versets qui parlent de polygamie, il faudrait là aussi les relire dans leur contexte, autrement dit celui de l’Arabie préislamique où le nombre d’épouses était illimité et constituait une tradition ancestrale. Il va sans dire que l’instauration de la monogamie comme norme du mariage au sein de la structure polygame traditionnelle de l’époque a nécessité la révélation progressive de plusieurs versets. Dans un premier temps, le Coran instaure une période de transition en limitant les épouses à quatre et, surtout, en subordonnant cette limitation à la stricte égalité entre les épouses afin d’en réduire la possibilité. C’est dans un deuxième temps que le Coran annonce sa nette désapprobation par un verset qui montre explicitement qu’il est impossible d’être juste et équitable dans le cadre d’un mariage polygame :
4, [129] : Mais vous ne parviendrez jamais à être équitable envers vos femmes et ce quel que soit le soin que vous y apportiez
Ce dernier verset est à considérer comme une recommandation formelle à la monogamie, puisque c’est elle seule qui peut assurer l’équilibre et la stabilité au sein d’une famille.
Contrairement, donc, à bien des idées reçues, notamment dans le monde musulman, la polygamie n’est pas une prescription d’ordre divin puisqu’au sein du mariage la norme du point de vue islamique est bien la monogamie.
Malheureusement, de nombreuses interprétations du Coran au cours de l’histoire islamique ont fait que c’est la première « permission » qui a été retenue au détriment du verset qui recommande la monogamie comme norme du mariage. La polygamie est même devenue, par la force des choses, un droit de l’homme qui présuppose sa supériorité et sa domination au sein du patriarcat traditionnel.
Le cas de la supposée « répudiation »
Le divorce, formulé le plus souvent sous forme de « répudiation » dans la majorité des interprétations juridiques islamiques, est considéré comme un droit inaliénable et exclusif des hommes.
La relecture de ce concept au sein des textes scripturaires a mis en évidence tout d’abord le fait que le Coran parle de talaq, ce qui peut se traduire par « divorce » et non pas par « répudiation », terme que l’on retrouve dans de nombreuses traductions ainsi que dans une certaine compréhension juridique du divorce en islam. À aucun moment dans le Coran on ne retrouve l’équivalent en arabe de répudiation, dans le cas du talaq. Il s’agit donc plutôt de la rupture du contrat de mariage. En effet, selon une nouvelle approche herméneutique, on découvre que le divorce est un droit égalitaire que peut exercer aussi bien la femme que l’homme, et cela selon trois modalités telles que proposées par le Coran : le divorce par consentement mutuel, le divorce sur demande de l’époux et le divorce sollicité par l’épouse.
Certains pays dits islamiques commencent à intégrer cette égalité sur la question du divorce dans leur législation (ce progrès dans la compréhension des textes est donc en cours).
Conclusion :
Point n’est besoin de se lancer dans une longue plaidoirie pour rappeler que l’Islam a libéré la femme et qu’il lui a accordé des droits qu’aucune femme n’avait obtenus auparavant.
Certes, il y a encore des domaines où il reste beaucoup de progrès à faire et, le pouvoir étant comme partout dans le monde entre les mains des hommes, il n’y aurait rien d’étonnant à constater que les gouvernants des pays musulmans n’ont pas particulièrement envie de se presser pour céder de leur pouvoir au profit de la femme.
Des versets et des traditions prophétiques étaient interprétés littéralement, sans tenir compte du Message dans sa globalité. Le cadre culturel et patriarcal dans lequel vivaient savants et juristes ne pouvait être sans effet sur leur compréhension des Textes étudiés. De sorte que l’on observe, dans la littérature islamique au sujet des femmes, une triple distorsion : on s’intéresse à son rôle plus qu’à son être, on donne la priorité à la partie (certains versets lus littéralement) en contradiction avec le tout (les finalités générales du Message) et l’on confond le donné culturel et le principe religieux.
Ces façons de voir ont donné lieu à des interprétations très dommageables. De grands savants, au cours de l’Histoire, ont produit des commentaires réducteurs, justifiant les comportements les plus inappropriés. Tel, dès le xiie siècle, a considéré que le contrat de mariage s’apparentait à une relation de maître à esclave ; tel autre, encore aujourd’hui, autorise la violence conjugale ; et certains ont pu défendre les mariages arrangés sans que l’avis de la femme (et parfois de l’homme) soit sollicité. Nul ne peut nier que ces interprétations et ces commentaires extravagants existent, que des réflexions et des avis juridiques inacceptables car discriminatoires ont été formulés par le droit musulman au cours de son histoire, y compris par les savants les plus reconnus et respectés sur d’autres questions.
Le Message, dans sa globalité, dit pourtant tout le contraire.
La Révélation appelait les premiers musulmans à vivre l’égalité et le partenariat dans le couple, à demander l’avis de la femme pour le choix de son époux et enfin à interdire toute violence conjugale, à l’exemple du Prophète qui jamais ne frappa une femme et qui affirma : «Ne frappez pas les servantes de Dieu [les femmes]. »
La France a commencé sa Révolution en 1789, dans un environnement occidental marqué par les progrès scientifiques, techniques et industriels, et il faudra attendre plus d’un siècle (1907) pour que les femmes puissent disposer librement de leur salaire. L’Islam, dès sa révélation, treize siècles auparavant, avait interdit au mari de toucher au patrimoine de son épouse comme à son salaire, dont elle peut disposer à sa guise et qu’elle n’est pas obligée d’utiliser pour les dépenses du ménage. Cette charge est réservée au mari, puisqu’il est le chef de famille. En France, c’est tout récemment, en 1942, que les femmes ont pu ouvrir un compte bancaire et ce n’est qu’encore plus récemment, en 1965, qu’elles ont eu le droit d’exercer une activité professionnelle, de gérer leurs bien propres et d’ouvrir un compte bancaire sans l’autorisation de leur mari.
La logique et le bon sens voudraient que soit laissé au moins autant de temps à des pays nouvellement émancipés, dirigés par des gouvernants autocratiques ou corrompus mais dont la jeunesse éprise de progrès et de démocratie est prête à faire sa révolution à la première occasion, pour essayer de faire bouger les lignes.
Cette révolution passerait obligatoirement par des mesures nécessaires à l’émancipation de la femme, par la relecture raisonnée du Coran.
Dans beaucoup de pays musulmans, un véritable travail de réflexion relatif au statut de la femme et à l’égalité homme-femme est accompli à tous les niveaux de la société.
On n’hésite pas à revenir aux textes originels et à ne plus se contenter des exégèses imposées il y a des siècles et qui sont à l’origine de cet immobilisme qu’on reproche à juste titre à l’Islam.
Dons son dernier prêche (prêche de l’adieu), le prophète Muhammad a dit :
« Ô peuple ! Il est vrai que vous avez des droits sur vos femmes, mais elles ont aussi des droits sur vous. Souvenez-vous que vous les avez prises comme femmes seulement avec la permission et de Dieu et en remplissant un pacte avec Lui... Traitez bien vos femmes et soyez gentils avec elles, car elles sont vos partenaires… »
Une manière de nous inciter à poursuivre le travail d’émancipation et d’égalité (révolutionnaire pour son époque) qu’il a entrepris, et de ne le considérer abouti que lorsqu’il le sera réellement.
L’élan initial et l’esprit du Coran ont été révélateurs d’une émancipation significative des femmes – particulièrement pour l’époque de la Révélation – et d’une volonté certaine de fonder une spiritualité égalitaire entre femmes et hommes.
Il faut relire le Coran selon son impulsion initiale, autrement dit celle d’une dimension éthique universelle et libératrice.
C’est dans ce sens qu’il faut toujours savoir faire une double lecture des sources : celle qui distingue l’« esprit du texte » – valable encore de nos jours quatorze siècles plus tard – et celle de la réponse donnée à l’événement contingent enracinée dans la réalité de l’époque et qui est actuellement complètement dépassée.
L’exigence de justice étant l’une des finalités les plus importantes du message spirituel de l’Islam, tout verset dont l’application devient injuste doit être réinterprété puisque, selon l’une des règles fondamentales du droit musulman, « la finalité est intemporelle et son application [loi] est temporaire et dépend du contexte ».
C’est aussi ce qu’ont affirmé la plupart des savants. L’un d’eux résume cette règle dans ce légendaire énoncé :
« La principale finalité divine est la justice et l’équité entre les êtres humains, tout ce qui peut assurer la justice et l’équité dans une société est islamique et n’est pas incompatible avec la voie religieuse ».
Il est impératif aujourd’hui de revenir à l’esprit du message spirituel de l’islam qui offre toute latitude pour établir l’égalité entre les hommes et les femmes.
Pour ces questions concernant les femmes en Islam, retenons trois choses :
. des principes simples et immuables d’égalité et d’équité entre les femmes et les hommes
. une pédagogie de libération progressive révolutionnaire par rapport à une époque (mais inadaptée à une autre époque)
. une leçon pour poursuivre le combat pour l’égalité des sexes, selon la maturité de notre société (et nous pensons qu’elle est mature aujourd’hui, en France en tous cas) pour obtenir cette égalité totale dans les faits, avec l’appui d’une lecture cohérente du Coran !